L'eau, les fuites, les réseaux

L'eau potable

L'eau potable coûte maintenant très cher, depuis qu'on l'a grevée du coût d'un assainissement collectif. Autrefois, dans les campagnes, les eaux usées étaient rejetées dans les champs et servaient d'engrais après purification par l'air et le soleil. Toutefois, pour ne pas provoquer de nuisances aux voisins, il fallait disposer d'une surface cultivée suffisante (au moins un hectare). En zone rurbaine, cette surface n'était pas atteinte, aussi y avait-on imposé des champs d'épandage, réseaux de conduites perforées distribuant les eaux usées sous le sol du jardin (après transformation biochimique des eaux vannes dans une fosse septique).
Avec la concentration urbaine voulue par nos dirigeants, les surfaces constructibles sont devenues de plus en plus restreintes, le système des champs d'épandage a souvent présenté des fuites vers le voisinage ; nos édiles ont alors décidé d'imiter les villes en construisant des réseaux d'égout aboutissant à des usines de traitement avant rejet dans les rivières. C'est le coût de ce réseau et de ces usines qui est répercuté sur notre facture d'eau potable et l'alourdit considérablement (les heureux possesseurs de sources individuelles n'y sont donc pas soumis !).

Il est donc devenu très important de réduire notre consommation d'eau et de supprimer les fuites inutiles. On n'insistera pas sur les moyens préconisés pour réduire la consommation domestique : ils sont largement publiés dans les journaux (remplacer le bain par la douche, fermer systématiquement les robinets ne servant pas, réduire le volume des chasses d'eau, arroser des cultures par l'eau de pluie ...).

Les fuites domestiques.

On peut lire dans divers sites Internet les données ci-après concernant les fuites d'eau à l'intérieur des logements et situer leur coût annuel, sur la base de 2,5 € le m3.

Fuite par heure par an coût
Robinet qui suinte
0,1 litre
1 m3
2,5 €
Robinet qui goutte
1,5
5 m3
12,5 €
Filet d'eau au robinet
10
100 m3
250 €
Chasse qui fuit
3
30 m3
75 €
Chasse qui coule
30 litres
250 m3
625 €

Ces valeurs sont à comparer avec la consommation moyenne d'un Francais : 57 m3/an, soit 142,5 €.

 
Détection des fuites domestiques.

1. Vérifier la ou les chasses d'eau.
Ce sont les chasses d'eau (qu'elles fuient ou non) qui consomment le plus d'eau potable dans un ménage. Elles ne doivent rien laisser échapper dans la cuvette après usage. Pour le vérifier, on peut un soir chasser du siphon avec la balayette 2 ou 3 cm d'eau ; si le lendemain, le niveau normal est atteint, c'est que la chasse fuit ; renouveler l'expérience après avoir fermé la vanne d'arrivée ; si le niveau continue à monter, la chasse fuit par le joint de siège ; sinon elle fuit par le robinet (ce protocole échoue si la vanne d'arrivée elle-même fuit).

2. Vérifier le fonctionnement des robinets de puisage : rien ne doit couler après fermeture.

3. Vérifier toutes les canalisations intérieures (aucune ne devrait être invisible). Les fuites se produisent souvent aux raccords.

4. Vérifier, au moins une fois l'an, le comptage de l'eau.
Pendant une durée de plusieurs heures (de nuit ?), s'astreindre à n'utiliser aucun appareil sanitaire, repérer les indications du compteur avant et après cette période : elles doivent être identiques. Cette vérification n'est pas très facile, le compteur étant enfoui dans le sol et, souvent, au bord de la voie publique.

5. Il existe des appareils qui peuvent se charger de cette dernière vérification.
Ce sont des compteurs privés qu'on peut enclencher à la demande. On les enclenche au début d'une période de non-utilisation (nuit, absence de plusieurs heures ...) ; si de l'eau a été débitée par la suite, l'appareil fournira une alarme (par exemple modèle Ecodo, coût hélas très élevé, 900 euros environ).

Réparations des fuites domestiques.

Robinet : changer son joint de clapet (pas trop difficile ; attention à ne pas abîmer le fragile joint de tête et à ne pas manœuvrer la tête de robinet une fois déposée).
Raccords démontables : changer le joint de fibre (facile) ou refaire le joint de téflon (plus délicat).
Raccords métalliques soudés : refaire la soudure après avoir bien asséché la tuyauterie (plombier).
Chasse d'eau : déterminer l'origine de la fuite, joint de robinet (fuite par le trop plein) ou joint de siège (fuite par le bas) : changer ce joint (s'il n'est plus fabriqué et s'il est plat, on peut tenter d'en découper un dans une plaque de néoprène).
Corps de tuyauterie : changer la partie en défaut (travail de plombier). En tout à fait provisoire : poncer la tuyauterie, plaquer sur la fuite un rectangle de néoprène, puis un tube fendu de diamètre juste suffisant et le serrer avec des colliers de type Serflex.

NB. Pour diminuer le risque de fuite et leur débit, il est vivement conseillé d'installer chez soi un détendeur sur la conduite d'arrivée.
Une pression de 2,5 bars est largement suffisante en usage domestique (mais un peu juste pour l'arrosage à longue portée).
La pression du réseau à Biviers est loin d'être uniforme : sans les détendeurs publics, la pression de l'eau atteindrait 25 bars sur la RN90. Grâce à des détendeurs judicieusement répartis sur les chemins en pente, elle est limitée partout à environ 7-8 bars.

Fuite sur le branchement.

De toutes façons, la méthode 5 ci-dessus, avec compteur privé, ne détecte pas une fuite sur votre branchement, i.e. sur la canalisation située entre le compteur officiel et la maison. Il peut pourtant s'y produire des fuites très importantes et difficilement détectables ; si elles se prolongent, la facture d'eau va être très onéreuse. La méthode 4 permet de détecter ce genre de fuite, c'est pourquoi il faudrait se livrer fréquemment à ce genre de vérification.
On peut espérer qu'on disposera bientôt de compteurs différentiels (reliés électriquement, l'un dans la rue, l'autre dans la maison) qui alerteraient l'usager dès le début d'une différence d'index (idée personnelle).
Actuellement, on peut souscrire une assurance contre le risque de fuite sur le branchement : la surconsommation sera en partie couverte par l'assurance, mais pas la réparation, elle aussi très onéreuse.
En cas de fuite sur le branchement, si on a eu la sagesse de loger la conduite dans un fourreau, il suffira de creuser le sol au départ de la canalisation, de débrancher la conduite, la tirer et la remplacer par une neuve. Rappelons que les branchements d'origine (période 1935-80) étaient en plomb et que, sous la contrainte d'une décision européenne, ils sont remplacés maintenant petit à petit par des tuyaux en matière plastique appelée PER (poly-éthylène réticulé) présentant une certaine souplesse et très résistants à la corrosion. A cette occasion, la mairie fait placer les compteurs en bordure de rue. La plus grande partie du branchement devient alors privée. Si l'abonné conserve le tuyau en plomb, non seulement sa santé peut s'en trouver altérée, mais les fuites seront maintenant à sa charge. Or elles deviennent fort probables, vu la vétusté de ces tuyaux. Il est donc vivement conseillé de changer ce tuyau de plomb privé et, en même temps, d'installer le nouveau (en PER) dans un fourreau.

Fuite sur le réseau public.

A première vue, l'usager ne paraît pas concerné par ce réseau. Ce n'est pourtant pas vrai, parce que le coût des fuites sur le réseau public est répercuté sur la facture de l'eau vendue aux particuliers. D'autre part, tout citoyen peut être un jour élu conseiller et donc appelé à gérer ce genre de réseau.

Les canalisations locales.

Ce sont des tubes rigides en fonte raccordés par des joints en caoutchouc de synthèse. La fonte utilisée au milieu du 20e siècle n'était sans doute pas de très bonne qualité et surtout elle n'était pas protégée. Enfouis directement dans le sol, ces tubes se sont corrodés et parfois fuient. D'autre part, les mouvements de terrain, fréquents à Biviers, peuvent déplacer les tuyaux et entraîner des fuites aux joints.
Les canalisations posées actuellement sont encore en fonte mais, recouvertes d'une couche plastique isolante, généralement en résine époxy, elles sont protègées de l'agressivité chimique de la terre (et, intérieurement, de celle de l'eau).

Le raccordement d'un nouveau branchement sur une conduite publique se fait maintenant en charge, i.e. sans couper l'eau : on assemble autour de la conduite les 2 demi-coquilles d'un té, on perce la conduite à travers la petite branche du té, de sa vanne (en position ouverte) et du joint d'étanchéïté ; quand la conduite est percée, on retire le foret et on ferme la vanne ; il n'y a aucune interruption du service d'eau et pratiquement aucune fuite.

On estime que les réseaux publics en France perdent au moins 20% de l'eau distribuée. Dans les mégapoles du Tiers-monde, ce rapport dépasse souvent 50%. Pour détecter une fuite sur ces réseaux (installés sous les voies publiques), les fontainiers autrefois écoutaient les conduites. En effet, l'eau sous pression fait vibrer les bords métalliques de la fuite qui émettent alors des sons audibles bien transmis par les conduites en fonte. L'oreille des fontainiers pouvait être assez exercée pour repérer une fuite à quelques mètres près.

Depuis peu, on dispose de corrélateurs. En voici le principe : deux micros sont descendus au contact de la conduite à travers deux bouches à clé (regards pour la manœuvre de la vanne commandant chaque branchement). L'appareil compare les deux sons reçus et calcule la position de la fuite.
Le corrélateur est un appareil électronique qui reçoit deux signaux électriques, retarde l'un progressivement d'une valeur t connue et le compare à l'autre. Quand les deux signaux se superposent au maximum, la valeur du retard t donne la différence de longueur de parcours entre les deux micros. Connaissant la vitesse du son dans l'acier (5000 m/s environ), on en déduit la position de la fuite par rapport au point milieu de la mesure (précision de quelques centimètres ; il peut subsister une ambiguïté à lever par une 3e mesure).
Cet appareil est très cher. Mais on peut en fabriquer un à peu de frais grâce à un PC portatif, sa carte son stéréo, deux micros spécialisés (micros de contact, avec préamplis) et un bon rouleau de câble blindé. Il faudra bien sûr écrire le programme de détection reposant sur le calcul d'une fonction de corrélation, mais ce n'est pas la mer à boire...
NB. La détection au son (à l'oreille ou au corrélateur) fonctionne mal ou pas du tout avec les canalisations en matière plastique.

Les canalisations d'eau potable principales.

Ces tuyauteries de gros diamètre (20 cm au moins) coûtent très cher ; aussi faut-il bien les protéger. Elles sont maintenant en fonte plastifiée comme ci-dessus, mais en plus, on les munit d'une protection cathodique. Ce dispositif consiste à les porter à un potentiel électrique continu négatif de faible tension, de façon à interdire la migration des ions Fe+ dans le sol. En effet, l'attaque chimique de l'acier par le sol crée un courant de type pile qui déplace le métal ; ce courant est d'ailleurs souvent renforcé par des courants telluriques vagabonds très intenses (surtout au voisinage des voies ferrées et des lignes de tram, dont le courant revient en partie par la terre). La protection cathodique oppose une barrière électrique à l'action de ces courants destructeurs.

Autres conduites.

Puisqu'on parle des tuyaux enterrés, signalons au passage d'autres types de conduites enfouies sous nos chemins.

1. Les égouts.

Généralement en ciment, ils sont caractérisés par un fort diamètre et par l'absence de pression. Cette absence signifie d'une part que les fuites, s'il y en a, auront en général peu de conséquences et, d'autre part, que ces canalisations ne peuvent pas remonter des pentes ; elles doivent toujours avoir une pente négative dirigée vers leur débouché (usine de traitement). Le gros problème des égouts n'est pas les fuites, mais les obstructions.
C'est le réseau le plus critique dans un projet d'urbanisation. On ne peut pas amener l'égout dans une zone vers laquelle toutes les voies publiques descendent ; il reste deux solutions possibles : passer à travers un domaine privé, ou installer une pompe dite de relevage ...

2. Les eaux pluviales.

Les usines d'épuration ne peuvent pas accepter les eaux de pluie. Les communes s'efforcent donc de les rejeter ailleurs qu'à l'égout (on parle de réseau séparatif). Dans notre région, elles sont dirigées plutôt vers les torrents, ce qui paraît tout à fait rationnel. Une démarche civique consisterait à en conserver le maximum chez soi, pour l'arrosage du jardin, le lavage de la voiture ... Dommage que les réservoirs soient si chers !

3. Le gaz.

Les conduites à Biviers sont toutes en plastique PER semi-rigide. Le réseau ne comporte que très peu de raccords et très peu de vannes (une pour plusieurs centaines de clients, contrairement au réseau d'eau qui possède une vanne par logement, plus une vanne par voie). Cette rareté oblige les gaziers, lors d'un travail sur une conduite, à la bloquer d'une manière peu banale. Ils la compriment entre les sabots d'un étau jusqu'à l'étrangler – comme avec un garrot – et ainsi arrêter la circulation du gaz (malgré une pression de 4 bars). Après réparation, ils desserrent l'étau avec prudence, l'enlèvent et renforcent avec un manchon soudé la conduite meurtrie. Les soudures PER sur PER se font par chauffage grâce à des résistances électriques noyées dans les raccords. Les conduites, toujours enterrées, ne sont généralement pas protégées par des fourreaux, mais noyées dans du sable, moins agressif que le tout venant du terrain.

4. L'électricité.

On enterre de plus en plus les lignes électriques, qu'elles soient de basse ou de moyenne tension (celles de haute tension sont très rarement enterrées). Bien souvent, elles ne sont pas protégées par un fourreau, mais un grillage ou filet plastique, situé 30 cm au-dessus d'elles, doit obligatoirement annoncer leur présence. Bien sûr, ce sont les conduites présentant le plus de danger pour les ouvriers terrassiers. Il est très important qu'elles soient bien repérées sur les plans de la commune.

5. Le téléphone

On ne dispose pas actuellement de suffisamment d'informations sur le téléphone souterrain pour les rendre publiques.

6. Couleurs

Chaque type de conduite est repéré par des couleurs réglementaires : bleu pour l'eau potable, jaune pour le gaz, rouge pour l'électricité, vert pour le téléphone. Telle doit être la couleur des grillages avertisseurs, des fourreaux et des filets imprimées le long des conduites. On rencontre parfois également la couleur bleue pour l'électricité basse tension (i.e. jusqu'à 1000 volts).

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